Thursday, July 14, 2011

Le crush pour Crash!

Crush, ce côté "coup de coeur tendre et romantique" n'est pas le plus approprié, c'est vrai. Parce que Crash!, d'abord c'est loin de la tendresse et du romantisme. Et parce que plus qu'un coup de coeur, c'est plutôt d'une révélation qu'il s'agit pour moi.

Je n'avais jamais lu Ballard. A peine l'avais-je vu, dans l'adaptation du livre par David Cronenberg. Sans l'aide d'un ami fan du Canadien il est plus que probable que je serais passé à côté du film, d'ailleurs. Allons : ce discours surgi de nulle part sur l'érotisme des accidents de voiture ? "Cet auteur a besoin d'une aide psychiatrique", cinglait à l'époque (1973) un éditeur qui refusa le manuscrit.

Heureusement, à mon tour j'ai fait de la route. Il faudrait noter dans l'inconscient les kilomètres parcourus entre le moment où un livre nous effraie et celui où il nous ravit. Pour accueillir aujourd'hui ce ravissement, je suis content du voyage.



1973... Quels livres sont parus à cette époque ? Rien qu'en France, et j'ai de la chance : L'Ogre, de Jacques Chessex, prix Goncourt ; Un Taxi Mauve, de Michel Déon, Grand Prix du Roman de l'Académie Française. Si le Taxi est une merveille d'écriture qui ne bouscule pas les garde-fous de la morale, L'Ogre, déjà, y va plus franco. Le récit de son suicide par le suicidé, il fallait déjà avoir le coeur bien accroché en 73 pour décerner le prix ultime au Suisse roublard. N'empêche : c'est aussi l'année de ma naissance. Et j'ai tant le sentiment d'un recul de l'audace en littérature que la parution de Crash! cette année-là me semble d'une exquise avant-garde. Bravo à toi, 1973 !

Revenons au roman : si je tiens à ce qu'un roman ose ce que les autorités "irl" interdisent, c'est sous réserve que cela nourrisse la littérature. il faut que ce soit bien écrit, il faut que cela parle de ce que peut être un roman, il me faut en sous-main une réflexion sur l'art d'écrire.

Comme Houellebecq aujourd'hui qui se met en scène en jouant avec les codes de son époque, Crash! met en scène un J.G. Ballard héros morbide sous l'influence d'un chauffeur fou, Vaughan, les deux s'évertuant à courser leurs fantasmes sexuels jusque dans les carcasses en torsion des véhicules après l'impact. Ballard ne dénonce pas, ne s'emporte pas, n'explique ni ne cherche à convaincre. Il pose son propos avec un calme mature : le métal et le verre, les angles forcés des voitures, les colonnes de direction, les tachymètres, boitiers de vitesse, essuie-glaces, rétroviseurs intérieurs et extérieurs, vinyls des sièges fendus, blocs moteurs... sont autant de sex toys, partenaires muets, témoins nécessaires à la jouissance. Ils entrent naturellement dans le champ du récit. Ils sont omniprésents, et sans eux le sexe a moins de goût. Sans eux, pas de sens aux actes sexuels. Du point de vue de l'écriture, c'est passionnant. Oser cela. Exposer simplement sur le papier l'anatomie érotique d'une voiture brouillée. Plus encore que de l'érotisme, c'est un véritable langage pornographique : les fornications étroites entre les corps et les habitacles sont exposés. Rien n'est caché. Ballard y va.

Et puis, du point de vue sociologique, achever le règne de la voiture occidentale dans un orgasme pervers, tout de même, pas mal non ? Avec un peu de recul, Ballard comparerait les embouteillages monstres au goulet d'étranglement des spermatozoïdes juste avec l'orgasme. Chacun veut sa voiture, chacun y tient comme à sa femme, chacun s'y réserve une intimité, chacun se l'approprie de façon extrêmement personnelle. Entrez dans une voiture qui n'est pas la vôtre : c'est un peu comme plonger la main dans le sac à main d'une dame. Pour avoir transmis cette inspiration au roman plutôt qu'à l'essai, et l'avoir fait jusqu'au bout, Crash! emporte toute mon adhésion.

Le plus beau, c'est qu'il me reste plein de romans de J.G. Ballard à découvrir. Eh bien, en route !


Mais que crashe-t-il donc ? :p

Tuesday, April 05, 2011

Au détour d'une table, L'Interrogatoire

Oh la surprise. Et la bonne.

Au détour d'une table de libraire où j'étais venu acheter Aternaissance de Gabriel Osmonde, que vois-je, qui me saute au visage avec son teint jaune de couverture Grasset et sa moustache de nuage blanc comme un premier jour de printemps ? Jacques Chessex. L'Interrogatoire. Un nouveau. Un dernier. "Pour la route", la route ultime, puisque le Suisse Goncourt est décédé.

Je ne m'étais pas tenu au courant, et voilà : découvrir L'Interrogatoire est une vraie surprise. Un jaillissement de vie comme une plaisanterie irrésistible au-delà du morbide. Hop ! direct dans le panier, et je le lirai avant Osmonde.

Comme le rappelle Bernard Morlino sur son blog, ce texte est un témoignage, le livre d’un homme qui en savait trop et qui ne voulait rien nous cacher.

Comme j'aime Chessex ! Son style incroyablement limpide pour aborder la sexualité comme un matador, élégant, imprenable et puissant, définitif et sûr. Le velours noble des mots lorsqu'il s'agit du parfum intime d'une femme. Et quand je dis intime... je dis intime. C'est superbe à chaque fois, juste, ouvragé avec un soin d'esthète, de spécialiste, sans gène ni pudibonderie, mais avec toute la noblesse révérencieuse de l'aveu. Je ne crois pas à la littérature comme mensonge sublime. Je crois en ce qu'elle révèle de plus vrai chez l'homme qui écrit. Et Chessex, bon sang, quelle intelligence de la sensualité lorsqu'il faut fouiller, fouir dans le secret du corps, dans son sexe, lorsqu'il faut parler de la chair, de ses parfums, la palper avec raffinement, et y chercher Dieu.

Ca ne loupe pas, ici encore. La page 18 est un miracle mot après mot. Un miracle. Chessex n'est pas mort, il vit dans le corps de ce texte, plus que jamais. Il me revient alors que j'avais fait mon deuil, et il me revient plus vert encore.

Il y a une subversion à lire cet auteur qui déchire la Suisse puritaine. "Ce n'est que du sexe cradingue", diraient les uns. Erreur, c'est de la littérature. Ou si l'on veut, c'est la même chose. L'auteur de Monsieur ou du lumineux roman L'Economie du Ciel les associe lui-même fondamentalement. Lire Chessex, lire L'Eternel sentit une odeur agréable, c'est faire partie d'un club. C'est être un initié.

J'en ai parlé à Katia (qui d'ailleurs a écrit un très beau récit, en librairies jeudi 7 avril, et que je recommande de toute ma force : Si on te demande tu diras que tu ne sais pas), je lui ai fait lire ce midi même (quel dessert) cette page 18. Et je me suis alors dit à moi-même alors qu'elle savourait le texte : "allez après ça, vas-y donc, écris pour voir".



Friday, April 01, 2011

Gabriel Osmonde n'est plus


Quand je dis qu'il n'est plus, c'est en tant que secret. Le mystère Gabriel Osmonde. Car l'auteur qui se cachait derrière ce pseudonyme s'est révélé et il s'agit d'Andrei Makine. RIP Gabriel Osmonde, et je ne peux m'empêcher de trouver ça dommage.

J'ai découvert Gabriel Osmonde grâce à :
- Frédéric Beigbeder, à l'époque où il tenait une chronique littéraire dans :
- Voici. Il la tient peut-être toujours, d'ailleurs. C'est moi qui ne lis plus Voici.

Toujours est-il que la chronique de Frédéric B. portait cette semaine-là sur un livre au titre aussi long qu'étrange : Les 20 000 Femmes de la vie d'un Homme. Beigbeder ne tarissait pas d'éloges, regrettait qu'il se fut agit d'un pseudonyme, de mémoire il arguait à peu près qu'il était bien dommage qu'un tel écrivain français se cache, pour une fois qu'on en tenait un si bon. L'auteur avait un joli pseudonyme : Gabriel Osmonde. Ce "monde" dans son nom, quelle classe, je trouvais. Choisir un pseudo et y glisser le monde. Non, vraiment, bien joué.
La couverture aussi avait une sacrée gueule, sous ses airs de vieille affiche de traversée transatlantique Paris - New York voguant sur une mer de seins, façon Lempicka.

J'ai donc acheté Les 20 000 Femmes de la vie d'un Homme. Un pur régal. Tout le jeu sur les champs lexicaux m'ont ravi. Les coulées de café, épaisses et noires, entraient en résonnance sensible avec les cuisses charnues des hôtesses, sur un paquebot pour célibataires. L'élan triste qui menait la vie du personnage principal, sa nostalgie de n'avoir jamais atteint le but de ses seize ans : connaître 20 000 femmes, objectif dérisoire pour l'adulte, mais terrible pour l'adolescent qui le regarde s'éloigner.
Et puis la chute, la fin, cette façon de conclure avec un panache surrané. Quelque chose de définitivement perdu mais qui cherche encore à vivre. Comme j'ai aimé ce livre ! Comme j'ai rallié le camp de Gabriel Osmonde ventre à terre !

A ma connaissance il y a eu trois livres de Gabriel Osmonde : je n'ai pas terminé de lire Le Voyage d'une Femme qui n'avait plus peur de vieillir, le premier, mais j'ai achevé L'Oeuvre de l'Amour le ventre tendu par des scènes d'une violence noire qui me marquent encore. Un bon gros désespoir face à la matière humaine complexe, inégale, franchement sordide.

A la sortie de L'Oeuvre de l'amour (selon moi bien moins enlevé que les 20 000 Femmes, moins ardent, moins travaillé, le fait qu'il ait changé d'éditeur entre les deux m'avait hasardeusement alerté, mais peut-être cela n'a-t-il rien rien à voir), à la sortie du troisième titre, donc, on ne savait toujours pas qui était Gabriel Osmonde. Je me souviens que Beigbeder avait avancé le nom d'Erik Orsenna. Ce Gabriel parlait admirablement des femmes, comme les hommes veulent en entendre parler. Difficile de croire que le mystère dissimulait une femme. Ca sentait le regard d'hommes. Impossible de remettre la main sur mes exemplaires, saleté de bibliothèque.

Je découvre hier, totalement par hasard (je suis abonné à un flux d'informations sur Michel Déon), que le mystère est levé. Déon figurait parmi les "Osmonde" potentiels. Ca m'aurait fait plaisir. Le vieux ne prend plus de risques depuis un moment, j'aurais reverdi à le découvrir encore facétieux. Mais non : Gabriel Osmonde est Andreï Makine.
Il y a désormais un visage sur Osmonde. Dommage. Plus encore que Déon, j'aurais aimé ne jamais savoir. Ou bien trop tard. A la Gary.

Makine n'est pas non plus son vrai nom. D'ailleurs, Michel Déon est lui-même le pseudo d'Edouard Michel.
Je me souviens, d'autre part, avoir dévoré les livres de Vernon "Boris Vian" Sullivan.

C'est drôle, quand même, que Makine lâche son pseudo pour la sortie d'un livre titré "Alternaissance". Non ?

Bref : Alternaissance, de Gabriel Osmonde, est sorti. J'ignore de quoi il parle. Demain il sera dans mon sac. Ce bonheur vaut bien un regret.


Monday, March 28, 2011

Vie Secrète, Pascal Quignard

J'ai attaqué un bouquin de Pascal Quignard, Vie secrète.

J'adore Quignard.
Mais vraiment.
Je ne sais pas si j'ai lu auteur plus intelligent, et à la fois sensible. C'est vraiment très beau. Il mélange les réflexions avec les sensations, par courts chapitres, ou parfois longs développements, mais tout vient des tripes à chaque page. Paradisiaque est ma Bible d'athée.

Dans Vie Secrète il essaye de décrypter son amour pour une femme quittée depuis longtemps, et décédée. Il y a des putains de fulgurances, des éclairs. Il y a toujours des miracles chez Quignard. Ici, le miracle arrive page 26. Et hop.
Une belle succession d'éclairs dans les pages 80, aussi.

Vie secrète fait 400 pages.
J'en suis à 150.
Ca fait quand même 50 bonnes pages que je m'emmerde.


Pascal Quignard, jadis.

Thursday, March 10, 2011

Une Pinte de Bruen 2 - L'écriture qui titube mais ne tombe pas


Oui donc, Elodie, qui officie par exemple et avec grâce à la librairie de la Fnac Défense (demandez-lui des conseils de lecture de ma part), m'a offert Une Pinte de Bruen 2, chez Fayard Noir, en arguant que, dixit, "ça sentait la bière". En fallait-il plus pour me convaincre. Un recueil de polars épais comme la Guinness.

Ken Bruen glisse cette citation, qui d'ailleurs le dérange, à propos des Irlandais :
"Ils titubent autour du monde avec un bégaiement et un accent lourd et tout un fagot de souvenirs inutiles", Louis MacNeice (p. 150). Ces vers, son héros désespéré Danny les trouve "accablants". Danny l'irlandais finira lui-même par tituber, inévitable lien dramatique de sa triste condition.

C'est bien ce dont il s'agit : les scènes, toutes très visuelles, des quatre nouvelles de ce second recueil sont justes, frappantes, voire carrément violentes. Dans ce qu'elles décrivent (un Londres merdique où le métro le plus proche est à la prochaine agression sur la droite, l'arrêt de bus au prochain viol sur la gauche), et dans le style.

Dans chaque histoire, ça cogne à coups de battes de baseball et contre des cuvettes de chiottes. Ca cogne parce que quelqu'un est mort et que c'est une injustice insupportable. Parce que les voyous racistes en ont trop fait, et trop impunément. Ca cogne et ça tue parce que personne d'autre ne réagit, et qu'il faut bien, dans une certaine forme de morale par ailleurs mal assumée, que quelqu'un fasse le sale boulot. Tout tourne autour d'une vengeance. Et c'est chaque fois le plus perdu des personnages qui s'en charge. De toute façon tout perdu pour la cause.

Dans le style, ça cogne sans ambages. En cohérence avec le sujet. En "cognérence". L'écriture de Bruen aussi, titube, et trébuche. Elle ne tombe jamais. Des ellipses à tous les coins de phrase. Des dialogues tranchés au couteau, des personnages sans concessions, portés par des destins qui les dépassent et qu'ils noient dans tous les alcools qui passent. Des femmes fatales qui disparaissent, des histoires d'amour en noce avec la mort, des vengeances pour l'honneur et vaille que vaille. Bruen ne s'encombre pas.

Et puis, dans un métro, une apparition. Au même moment, un éclat littéraire qui jaillit du style noir et dur : "Le gamin etait vraiment beau. comme si les Dieux l'avaient fini avec panache".
Mais voilà, le gamin a une mère qui le met aux larmes et qu'il faudra punir.
C'est sans espoir.

La littérature de Bruen, c'est aussi la musique. La bonne vieille pop qui sent le poste TSF et le microsillon. L'âme de ses héros s'y reflète toujours, d'extrait de chanson en humeur d'artiste. "On apprend plus de choses dans une chanson de deux minutes que dans des années d'étude", citant Springsteen.
La musique et la littérature elle-même : Bruen et ses alter-egos croisent des poètes méconnus ou célèbres, des philosophes, des écrivains... Le désespoir est un grand pub où tous se retrouvent, auteurs et lecteurs, ouvriers et intellectuels, pour trinquer ensemble avant d'aller mourir dehors.

Même si les textes sont parfois drôles ("Un auteur de polars irlandais absolument désespérés et désespérément drôles aussi - allez comprendre", accorde Maxence de Fluctuat), illuminés de fulgurances de légèreté, même si les personnages sont attachants (surtout Danny, le plus noir de tous), même si parfois les femmes tendent la main, rien n'est possible que le pire.

Et pourtant : de cette maigre peau d'humanité, Bruen, ô miracle, tire encore le meilleur. A l'irlandaise.


Photo de l'ami Ken Bruen tirée du site K-libre

Wednesday, March 02, 2011

Guinness Book :)


Merci à Abdel pour cette photo très symbolique de l'ambiance hier soir, au Corcoran's Bastille, pour la sortie des Histoires jamais entendues dans un pub en Irlande, et dans une auberge en Espagne. Verres levés hauts, Guinness à flot.
Les éditeurs, Delphine et Fabrice Guillet, du Lamantin, semblaient ravis aussi :)

Vous pouvez donc retrouver les deux titres directement sur le site des éditions du Lamantin. N'hésitez pas à en parler autour de vous ! Ni à rejoindre les fans sur Facebook ! Ni a laisser des critiques ou des notes de lecture ici ! Bref : n'hésitez jamais !

La photo du jour : Ken Bruen, dont on m'a offert hier un exemplaire des Pintes de Bruen 2, à savourer lentement. J'y reviendrai.

Sunday, February 27, 2011

"Une pipe d'écume, et c'est toute la mer, tous les voyages"*

C'est ma grande théorie du moment. Enfin, l'une de mes grandes, de théories, et du moment.
Les vrais voyages sont ceux qui nous portent plus loin, ceux que l'on n'a pas encore accomplis. Les prochains. Arrivés loin, ce sont ceux qui nous font porter le regard encore au-delà des collines. Ceux qui, une fois consommé le bonheur d'être, ici et maintenant, nous renvoie au bonheur d'être là-bas, un jour. L'âme voyage comme un élastique et nous rapporte des souvenirs prochains.

En écrivant les Histoires jamais entendues (dans un pub en Irlande comme dans une auberge en Espagne), c'est ce que je pressentais. Pour l'Irlande, c'est à moitié vrai, puisque que j'ai plusieurs fois parcouru l'île verte. Mais l'Espagne : outre quelques jours à Majorque, je n'y ai jamais mis les pieds.

Le prochain projet, c'est le Japon. Là, vraiment, j'y suis totalement étranger. Puis le Brésil : jamais vu. L'Egypte. On fera peut-être un petit accroc au principe avec New York, un de ces quatre. Nous n'y sommes pas encore.

Ce qui m'intéresse, ce sont ces voyages jamais faits et qui pourtant nous illuminent. Que de souvenirs jamais vécus du Japon ! J'y vois des ambiances, des sons, des tintements aiguës, des scintillements, des parfums de poissons frais et de riz chaud, de légumes. J'y vois des sourires, des voix discrètes et pincées. J'y vois un rapport étonnant à la mort et une grande montagne coiffée de blanc comme un monarque.

C'est tout cela qu'il faut écrire. Non pas la vie, la vraie, mais celle qui passe par ces images. Une autre vie, vraie aussi. Une vie de voyage, car ces images m'emmènent très loin, me font rêver, je suis ailleurs, et le sourire aux lèvres.

Ai-je jamais autant voyagé qu'en lisant Corto Maltese ?

Lecture de Guy Goffette, dans son recueil pioché pas cher au hasard d'un étal d'occasions, Les Derniers Planteurs de fumée, p. 26 :
"Avant, je rêvais de partir pour partir et revenais toujours. Je pars sans bouger à présent, et il n'y a pas de retour."

Toujours GG, un peu plus loin :
"Cette mer qui n'existe pas derrière les peupliers est pour moi plus réelle que la mer".

Page 33, dans le texte intitulé "L'agencement du monde" :
"Au fond, les vrais voyages sont immobiles (...) Souvent, ils commencent dans une chambre où l'on est enfermé parce qu'il pleut ou parce qu'on est malade". Et Guy Goffette voit à travers la fenêtre d'une carte du monde la pluie qu'il fait ailleurs : ça y est, il y est, il est dans cet ailleurs. Il n'est plus dans sa chambre d'enfant.

Voyages de reconnaissance dans les arcanes de l'imaginaire, dit-il plus loin. Voyages du cancre sur la carte murale.

Et j'aime celui-ci, à la pointe agressive, mais bien menée et tout à fait juste, finalement :
"voyages que l'impérialisme du but n'a pas encore entâchés, réduits à cette caricature moderne qui fait que l'essentiel n'est pas de partir, mais d'arriver, et le plus vite possible."

Quel bonheur de lire ici une vérité mieux écrite que la nôtre, mais que l'on partage.
Si les Histoires jamais entendues peuvent être un marque page dans les livres de Guy Goffette, alors quel honneur.


Guy, au fait.



* Autre extrait de Guy Goffette. Pas mal hein ?

Monday, February 07, 2011

Retour vers... le retour :)


Un an et demi sans écrire une ligne sur ce blog. Damn !

Bilan de cette année et demi :
- un enfant
- un second volume d'histoires jamais entendues, dans une auberge en Espagne cette fois-ci
- un épuisement des stocks des histoires jamais entendues dans un pub en Irlande. Soit juste un peu plus de 1000. Eh ! c'est pas mal :)
- quelques livres lus, davantage commencés mais pas terminés. Pas de culpabilité à ce sujet, je progresse.
- mais surtout, un nouvel éditeur pour la collection des Histoires jamais entendues : les éditions du Lamantin. Sortie en mars des histoires irlandaises et des histoires espagnoles. Et peut-être, prochainement, des histoires jamais entendues dans un sushi bar au Japon, mais c'en est une autre, d'histoire.

Donc : rendez-vous le 1er mars au Corcoran's de Bastille pour le lancement de la nouvelle collection !
Corcoran's Irish Pub
53, rue du Faubourg Saint-Antoine, Paris
M° Bastille, Ledru-Rollin

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Wednesday, August 13, 2008

Devenez l'ami(e) de Tom O'Barley !


Notre écrivain Tom O'Barley, auteur des Histoires jamais entendues dans un pub en Irlande, publié chez Croiser le Faire, possède désormais sa page sur Facebook.
Retrouvez-le donc, échangez avec lui, inscrivez-vous au groupe des histoires irlandaises, et faites-vous plein de nouveaux potes comme au pub !

Wednesday, July 02, 2008

Les Histoires irlandaises à la librairie Voyageurs du Monde


Comme l'ensemble des locaux, l'annexe parisienne des librairies Voyageurs du Monde occupe splendidement le 55 rue Sainte Anne. C'est un espace somptueux. Honte à moi qui n'y avais encore jamais mis les pieds, mes camarades globe trotters se sont bien moqués.
Toujours est-il que sous l'impulsion de Dragana Radic, les Histoires jamais entendues dans un pub en Irlande font désormais partie de leurs références. Les âmes nomades parmi vous sauront donc les y trouver en rayon et en quantité.
Merci à toute l'équipe de la librairie pour cette confiance, c'est un véritable honneur pour la maison Croiser le Faire.