Sunday, December 10, 2006

Quel meilleur espace qu'une voiture pour écrire ?

Expérience intéressante ce week end. Entre Pornichet et Paris, dans une voiture. Rien à la radio, chaque occupant plongé dans ses pensées, le ronronnement du moteur et l'entrelacs hypnotique des feux blancs et rouges imprimés sur la nuit noire : pourquoi ne pas écrire ? Après tout, j'ai mon ordinateur portable et je ne conduis pas.
Après l'échec de ma dernière tentative il y a quelques jours, échec dû probablement à l'appel permanent d'un truc moins contraignant à faire, plus drôle ou au bénéfice plus immédiat (manger une cacahuète, embrasser Julie, lire mes mails, envoyer un sms...), voici probablement une occasion rêvée de me consacrer à mon texte pour un moment, sans craindre de me disperser. Bien sûr, même, quand on y pense : les yeux dans l'écran, l'obscurité partout, et surtout une plage considérable de temps libre, libre de tout, impossible de faire quoi que ce soit d'autre de productif, ou juste de divertissant : c'est dans cet ascétisme que je devrais travailler plus souvent. Et en effet, ça a payé. Le passage sur lequel je bloquais s'est délité après une poignée de minutes passées à y réflechir calmement. Du coup le texte a un peu dérapé vers ces digressions que j'apprécie ailleurs, et que je souhaite faire renaître dans mes livres. L'esprit a pris la route. Il s'est laissé porter par la nuit. Je ne suis pas mécontent du résultat et j'imagine déjà un bureau mobile idéal, chauffeur en livrée et les autoroutes de France pour toute inspiration. Qui plus est, rien de moins romantique qu'une autoroute, et je confirme ainsi que je ne peux écrire qu'en m'affranchissant du decorum qu'on prête à l'écrivain : pas de mer déchaînée, pas de montagne, pas de St-Germain-des-Près dans mon processus. Ascétisme.
A part ça, j'ai lu Terrasse à Rome entre deux lignes de L'Aveuglement, et m'est apparue l'hypothèse selon laquelle Pascal Quignard viserait dans l'écriture la même chose que Picasso en peinture quand ce dernier déclarait "J'ai passé ma vie à essayer de dessiner comme un enfant". Il y a souvent de l'enfantin chez Quignard. Pas du puéril. Un dépouillement ravissant. Le maître est l'enfant.

1 comment:

Clément said...

ce soir j'ai découvert ton blog , promis demain je vais le lire