Saturday, September 22, 2007

Point de salut

C'est pas tout ça, mais au moment de basculer du chien au loup, il est rassurant d'entendre certains signes, surtout si on ne les attendait pas. Les Histoires jamais entendues dans un pub en Irlande apparaîssent désormais en 4ème position lorsque vous tapez "Irlande" dans le moteur de recherche des livres sur Fnac.com. Soit une dizaine de places de mieux qu'il y a encore quelques semaines. Comme c'est calculé sur les ventes, c'est grâce à vous, merci à tous !

Saturday, September 08, 2007

Avant, pendant, après Jean-Marc Parisis


Quelques leçons à tirer à la lecture du roman lauréat du prix Roger Nimier dans le cadre d'un travail d'écriture :
- Trop insister sur des détails inutiles rend suspect. Par exemple, qu'on m'explique pourquoi et comment une sonnerie de téléphone Vivaldi identifie la femme qui nous quitte prouve surtout qu'on cherche à masquer le côté rendre crédible un détail totalement artificiel. Ca sort le lecteur du récit, alourdit le style, montre les ficelles. Trop de ficelles dans ce livre.
- Trop de formules tue le style. Au début, ça amuse, ça épate, ça emporte pièce. Ca enivre, au début. A la fin ça saoule.
- Trop répéter ses formules sonne très prétentieux. Le roman est beaucoup trop court pour que cela ne se voie pas.
- Trop de vulgarité écoeure. C'est tendance, mais il faut savoir la manier avec art, d'une part. D'une autre, dénoncer la pornographie par la grossièreté est hypocrite. La pornographie entraîne la réflexion et le style dans des sphères infiniment plus passionnantes que la vulgarité. Choisir la vulgarité c'est couilles molles.
- Se méfier des titres qui ne surprennent pas. Avant, pendant, après, c'est vraiment joli, on espère juste qu'il ne va pas s'agir de la chronique d'un amour de sa conception à sa nostalgie. Dommage.
- Barrer la couverture d'un gros bandeau annonçant "L'amour" comme une vérité absolue n'arrange pas la vanité du livre. Et achève de trahir son éventuel mystère.
- Se méfier aussi des premières pages prometteuses. Celles-ci sont enlevées, elles finissent par donner le tournis. C'est terrible, un roman qui scotche d'entrée de jeu pour décevoir page après page.
- Au final, le style tue le roman mais la couverture est très belle.

Monday, September 03, 2007

L'aube le soir ou la nuit Yasmina Reza


Pas assez aiguë, trop négatif, très humain, trop acerbe : globalement, les anti-sarkozystes auront trouvé leur compte autant que les pro. Côté presse, Le Monde savoure ligne par ligne, le Figaro souligne que des "propos inédits confirment le flair politique de Sarkozy", Libé titre au gâchis et Les Inrockuptibles à l'arnaque : tout le monde est content. Les critiques enseignent beaucoup sur eux-mêmes et peu sur l'objet critiqué.
On peut lire L'aube... comme une oeuvre d'écrivain : n'importe quel homme politique en course pour la présidentielle, dans l'intimité de sa campagne, jure, s'énerve, s'emporte, dérape, balance des banalités, jette des fulgurances, est visionnaire, rétrograde, rieur, touchant, fragile, intouchable... En fait, n'importe qui, sur un an, est tout cela. Et l'intimité rend toujours sympathique au final. Dans l'enjeu de l'élection suprême, tout est juste exacerbé. L'enjeu du livre, lui, n'est donc pas là. Sarko ou pas, en fait on s'en fout.
L'auteur "contemple" un homme qui lui échappe : la politique, elle n'y connaît rien, la course au pouvoir lui est étrangère, ses collègues littéraires la mettent en garde alors qu'elle-même ne sait pas trop ce qu'elle veut faire de ce projet. L'enjeu est de cerner un homme, comme n'importe quel autre homme, un homme qui échappe d'emblée aux repères de l'auteur.
L'écrivain s'interroge alors : où sont ces repères ? Comment les débusquer dans ce foisonnement de faux semblants, de phrases toutes faites, de clichés, de calculs ? Où est le vrai, où est ce qui les rapproche, elle et lui ? En tant que lecteur, ce que l'on observe n'est pas un portrait politique mais un portrait d'écrivain à sa table. Dans ce journal entomologique, on contemple un auteur en train de contempler. C'est bien elle qu'on regarde s'accrocher aux moindres points communs, relever toutes les divergences de goût, s'agacer ou s'attendrir parce qu'enfin il lui semble qu'elle tient quelque chose, une piste qu'elle maîtrise un peu mieux. C'est pour elle qu'on vibre, elle qu'on veut voir l'attraper enfin. Un exercice intelligent, qui s'élève bien au-delà du procès qu'on lui fait.