Tuesday, November 14, 2006

Le nom du père


Quelle surprise. Je feuilletais le recueil d'oeuvres de Michel Déon que m'a offert Elodie pour mon anniversaire. Ce qu'il y a de parfaitement intéressant dans ce livre, c'est d'une part d'y trouver enfin des textes illustrés publiés en de rares exemplaires, et d'autre part les dernières pages, une biographie succinte de l'auteur rédigée par sa fille Alice. Déon avait déjà partagé quelques souvenirs et réflexions avec elle dans "Parlons-en", sous la forme d'un dialogue. Ici il n'intervient plus.
J'ai déjà et souvent et beaucoup parlé de Déon. Il est l'écrivain qui m'a bouleversé le plus profondément, qui a renversé mes fondements pour en ériger d'autres. 17 ans et les Poneys Sauvages en poche, je n'étais plus le même. L'enfance venait de s'éteindre, libérant de son oeuf un adulte encore gluand, un adulte tout frais ébloui par la lumière de ce qui devenait possible. LE choc littéraire. J'ai tout lu, mis à part certains de ces fameux livres introuvables (mais j'en ai trouvé d'autres), je suis même allé jusqu'à rencontrer le vieil académicien chez lui, en Irlande, voyage initiatique inestimable. J'y repense : j'ai découvert Déon par Le Jeune homme vert, lors d'un séjour à Ballina. Nos histoires se recoupent avec beaucoup de sympathie. Je ne vois pas comme un hasard que sa date de naissance soit la même que celle de Julie.
Mais est-ce vraiment a date de naissance ? Alice Déon m'apprend, dans le premier paragraphe, que Michel Déon n'est pas Michel Déon, mais Edouard Michel. Déon, c'est le nom (raccourci) de sa mère. Tout se recoupe alors : Edouard alias Teddy, dans La Chambre de ton père, roman autobiographique. Ted, dans Un Souvenir... Des pistes s'éclairent, en brouillant d'autres. L'histoire n'est pas terminée. Ce qui devait être un secret de Polichinel dans les miliex littéraires parisiens était à mes yeux un secret inconcevable. Déon n'est pas Déon, quel vertige pour moi qui pensait le connaître si bien. Quel plaisir également, surtout et enfin, d'être à nouveau surpris.

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