Monday, January 07, 2008

Rhum, Blaise Cendrars, et autres biographies


Excellente après-midi dans un café miteux face à Beaubourg il y a quelques jours. La conversation a tourné autour des biographies. Gil et Gui en lisent pas mal. Ca leur en apprend beaucoup sur le sens de la vie, et en écho la leur. De Truffaut à Lemmy, de Joey Starr à Angela Davis. Il y a toujours quelque chose de fascinant dans l'introspection des soleils. Un éclairage décalé mais radical. Quelque chose de David contre le Goliath du destin. On se rêve tous en David. Je me suis souvenu que j'avais acheté Rhum, biographie d'un aventurier explorée par Cendrars. Un titre magnifique avec cette phrase splendide en intro : "Je dédie cette vie aventureuse de Jean Galmot aux jeunes gens d'aujourd'hui, fatigués de la littérature, pour leur prouver qu'un roman peut aussi être un acte." J'avais voulu faire un peu ça en écrivant La Fille de l'Aventurier. Mais Rhum m'a saoulé au bout de 10 pages.
Je ne lis jamais de bios. Je leur préfère toujours les notices figurées à l'entrée des romans. Une notice bio est comme un poème : sa concision porte les rêves plus loin.
Une bio me gène parce qu'elle soumet le style de l'auteur à une quête de vérité, et voici bien une quête peu intéressante. qu'importe au fond la vérité ? Richard Burton : "Si la légende est plus belle que la vérité, alors écrivez la légende".
Le style seul compte. Le style seul en apprend sur l'être humain derrière les lignes. On peut faire une biographie extraordinaire de toute vie. De n'importe quelle vie. C'est bien ce que m'a enseigné l'écriture de La Fille... On peut tous apprendre des millions de choses de notre voisin de palier, notre boulanger, cette inconnue qui traverse la rue sous notre fenêtre. Question de style : toute vie est riche quand elle est bien racontée. L'extraordinaire n'est pas dans le merveilleux mais dans l'émerveillement. La leçon que je tire d'un ouvrage n'est pas dans la vie qu'il relate mais dans la façon dont un homme s'en émerveille.
J'ai appris beaucoup plus de l'enthousiasme de mes camarades à parler des biographies qu'ils lisaient que de toutes les biographies réunies.

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