Sunday, May 27, 2007

Le Livre Monde - La Maison Russie, John Le Carré

En même temps, une semaine de vacances m'a permis de terminer deux livres que j'avais commencés, dont un il y a plus d'un an, et d'en lire deux autres entièrement. Certes, de petits livres, mais tout de même : je me suis surtout rendu compte qu'au-delà d'une culpabilité très mal placée de ne pas achever la lecture des livres, c'est le temps qui me manquait pour lire.
J'ai besoin d'un contexte, d'une lumière égale de jour en jour, de sons toujours les mêmes, ou plutôt de sonorités identiques, de la même densité de l'air, j'ai besoin pour bien lire de retrouver un univers complet. De m'y installer calmement et de le retrouver toujours au même moment. Ca ressemble à de la monomanie, c'est en fait un monde créé autour de moi et dont les habitants sont les personnages du livre que je lis. Point de bonne lecture qui soit hachée, interrompue toutes les deux pages, débutée au lit, poursuivie une heure plus tard dans le bus, coupée à chaque arrêt, reprise à la hâte entre Saint-George et Montholon, rendue impossible au retour par la foule oppressante des voyageurs, abandonnée une semaine, puis un mois, réouverte par défaut après avoir, vite fait, jeté un livre dans mon sac avant de partir, un matin...
Mes meilleures lectures ont leur âme propre. La Maison Russie, de John Le Carré : assis sur le bord de mon lit chaque matin, retardant le moment où il faudrait vraiment partir au lycée, tirant sur la corde du retard admissible, et l'album de Dee Dee Bridgewater "Victim of Love" et surtout "Precious Thing" et sa mélancolie sans retour, la lumière fraîche d'avril par la fenêtre de ma chambre, la chaleur d'une maison qui s'éveille, le bruissement des préparatifs familiaux de l'autre côté de la porte. Mon isolement, ma résistance à quitter le monde de ces pages et à entrer dans l'extérieur. La silhouette de Katya, l'élégance de Barley m'accompagnent longtemps sur le chemin du lycée, se prolonge pendant les premiers cours. Je me souviens aujourd'hui de ses sensations comme d'une caresse sur mon front. J'ai terminé la lecture mais le livre vit encore près de moi, et ses contours sont nets. J'entends toujours la voix de Barley Scott Blair, et ce n'est pas celle que Sean Connery lui prêta dans l'adaptation au cinéma.

A part ça, tous les livres déposés à la Fnac Velizy sont vendus.

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