Je discutais avec un ami à propos de Henry de Monfreid, justement. Il me dit "Ah Monfreid, j'en emmenais un exemplaire dans mes bagages à chaque fois que je partais en voyage. J'aimais beaucoup. Mais au final c'était quand même un sale type."
J'ignorais. Certes, marchand d'armes, on a trouvé mieux comme profession de foi. Même pour un écrivain. Même en 1930 où le contexte des trafiquants n'était pas le même qu'aujourd'hui. Même avec les meilleures excuses. Reste qu'un type a choisi sa vie, ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à ce qui constitue la somme de l'humanité à laquelle chacun de nous appartient, et je veux retenir cela. L'être humain est aussi cela.
Qui plus est, je ne lis pas Monfreid dans le but de savoir s'il est louable d'aller vendre des armes et des perles sur la mer rouge plutôt que de s'occuper de ses enfants. Je lis Monfreid parce que j'aime les écrivains de son époque, les aventuriers et les types qui à trente ans ont choisi de quitter leur Espagne pour mieux atteindre leur Amérique. Et parce que la couverture par Hugo Pratt est belle. Qu'on vienne me dire que Monfreid fut un sale type, sur le coup atténue mon intérêt pour le texte. Plus précisemment, cela le ternit. Mais c'est passager.
Rien ne sert de décrier ce qu'on n'a pas aimé. En citant Monfreid, je parlais de littérature à un fan de Paul Morand. Je ne cherchais pas à établir le classement des écrivains selon leur moralité. Ce qui est en jeu est moins l'oeuvre décriée que nous-mêmes. Et donc que l'humanité que nous contribuons à constituer chaque jour. J'en veux davantage à mon ami d'avoir craché sur Monfreid qu'à Monfreid d'avoir vendu des armes pour payer sa liberté.
Ne jamais ternir les enthousiasmes. A tout prix, transmettre ce que l'on aime.
A part ça, et d'ailleurs, j'ai réécouté Nougaro.
Sunday, January 14, 2007
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