Susan était splendide. Véritablement magnifique. Ses cheveux gris qu'elle laissait pousser sans complexe étaient la preuve d'une acceptation d'elle-même qui relevait du sacrifice, voire de l'abnégation. Elle niait toute coquetterie, qui existe encore tant chez les femmes de son âge. Soixante ans et coquette, ça ne rimait à rien, pour Henri. Une femme qui dégageait du charme, c'était d'abord une femme en pleine possession d'elle-même, de son corps, et des bonheurs que son âge lui apportait. Une femme qui laissait venir le temps, les rides, les peines, les désirs. Le meilleur moyen qu'ait un être humain d'être attirant était de saluer chaque jour comme une joie. L'attirance est une leçon de vie, une offrande faite à l'autre de ce qu'il n'a pas. L'âge ne fait rien à l'affaire. On souffre à cinq, vingt-cinq et soixante-quinze ans. On est beau aux mêmes âges. Refuser de recevoir ce que chaque année nous offrait sur un plateau de soleil, quelle connerie. Cela n'empêchait en rien de faire face, en cas de problème. Et des problèmes, il y en avait tous les jours. Question d'habitude, une habitude qui, il fallait le reconnaître, venait de plus en plus facilement. Non, elle était tout sauf coquette. Mais elle ne se négligeait pas pour autant. Elle semblait pouvoir porter n'importe quoi avec une élégance unique. Sa couleur était le noir, mais vous la croisiez avec un long châle bariolé un soir d'automne et vous ne reteniez d'elle qu'une volée de couleurs. L'élégance est le contraire de la coquetterie.
A ce titre, et parce qu'elle était habitée d'une dimension impénétrable qui conférait à chacun de ses gestes, de ses mots, une richesse humaine qui semblait la dépasser, Susan était une reine.
Friday, October 13, 2006
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