Il s'agit d'une anecdote dans les pages people d'un site grand public. J. K. Rowling, la créatrice de Harry Potter, y déclare qu'elle a toutes les peines du monde à terminer l'écriture du dernier volet des aventures de son héros.
"J'ai très envie de terminer ce livre tout en n'y tenant pas.", dixit. Puis : "Je ne pense pas que l'on puisse imaginer ce que cela représente sans l'avoir vécu : exultation et frustration se succèdent sans répit. Je rédige en ce moment des scènes imaginées, pour certaines, il y a une douzaine d'années, voire davantage."
Ecrire enfin des scènes imaginées il y a longtemps, c'est les affronter. Ecrire une scène au moment même où on la pense est exaltant. Mais quand arrive le moment d'écrire ce qui a été pensé beaucoup plus tôt, quand vient le moment d'ouvrir son carnet de notes et d'y trouver les événements qui nous emmenaient si loin il y a quelques heures, quelques jours, "voire davantage", il y a une sorte de lutte, véritablement.
Une lutte pour retrouver l'enthousiasme, qui fait le plaisir d'écrire, et donc de lire. Pour ne pas abandonner une scène qui semble déjà moins importante au profit d'une autre qui nous vient, justement, à l'instant. Pour accepter de rompre avec un plaisir immmédiat afin de servir une oeuvre. Mais encore et surtout : pour se souvenir qu'une scène décalée dans le temps apporta son lot de bonheur, et plonger dans ce cocon qui la vit naître pour en retrouver l'essence. Oui, c'est une lutte difficile à imaginer, vraiment douloureuse parfois. Ecrire peut heurter physiquement. Nouer l'estomac. Alourdir réellement les épaules d'une charge éprouvante. Pour ma part, affronter a posteriori des scènes pensées plus tôt provoque souvent une sensation de dégoût, une regurgitation écoeurante, un travail scolaire répulsif. Il faut alors forcer son corps à reprendre le dessus.
Le plus admirable reste, quand on est aussi attendue que Mrs. Rowling, de l'avouer.
Monday, December 25, 2006
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