Sur la route, voici un livre symptomatique : pendant des années j'ai eu honte de ne pas l'avoir lu.
Un peu comme de dire qu'on n'aime pas Hugo parce qu'on n'a pas pu aller au bout des Misérables, en seconde. C'est la faute à Philippe, qui ajoutait toujours "de lapin" après chaque mention du titre. Ca nous faisait bien rire mais le sérieux de l'oeuvre s'en prenait un coup de 12.
J'en connais beaucoup des livres comme ça, que je ne lis pas parce que je ne les ai jamais lus. Me projeter dans un train de banlieue tous les regards braqués sur moi "quoi ? un jeune homme de votre âge qui dit aimer la littérature, ne même pas avoir lu "Sur la route" ?"
Je ne sais plus quel est le déclencheur. Le "résolvant". Arrive un jour où, dans une Fnac, j'ose, allez savoir pourquoi. Ah ! oui, tenez, c'était L'attrape-coeur. Salinger. Mais je venais de lire Ardoise de Philippe Djian et j'étais désormais décomplexé. Il ne faut jamais avoir lu. On ne doit pas davantage. Il y a ce qu'on a lu, et encore. Ce qu'on va lire, peut-être. Surtout : ce que l'on est en train de lire.
Sur la route, donc. Je le pensais moins imposant. Je m'attendais à davantage de sable, de poudre, de fumée. Je m'attendais à des clopes volées aux décapotables par le vent chaud du sud. Je suis assez surpris. Tant mieux.
K. qui est souvent de bon conseil a trouvé ça chiant, Sur la route. Moi aussi du coup, un peu, au début, forcément. Et puis p. 25 "Un gars de l'Ouest, de la race solaire, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j'aurais avec lui, j'allais entendre l'appel d'une vie neuve, voir un horizon neuf, me fier à tout ça en pleine jeunesse ; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait ne plus vouloir de moi pour copain, et me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur un trottoir ou sur un lit d'hôpital, qu'est-ce que cela pouvait me foutre ? J'étais un jeune écrivain et je me sentais pousser des ailes.
Quelque part sur le chemin je savais qu'il y aurait des filles, des visions, tout, quoi ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare."
Nom de dieu.
A part ça je suis tombé sur une chanson de Lavilliers en rentrant tout à l'heure. Un peu obsédé par le livre qui sort bientôt, j'ai été pris d'une bouffée d'euphorie en imaginant que les prochaines histoires jamais entendues quelque part seraient bercées par les chansons aux hanches souples de Lavilliers. A suivre.
Tuesday, February 13, 2007
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