Monday, March 28, 2011

Vie Secrète, Pascal Quignard

J'ai attaqué un bouquin de Pascal Quignard, Vie secrète.

J'adore Quignard.
Mais vraiment.
Je ne sais pas si j'ai lu auteur plus intelligent, et à la fois sensible. C'est vraiment très beau. Il mélange les réflexions avec les sensations, par courts chapitres, ou parfois longs développements, mais tout vient des tripes à chaque page. Paradisiaque est ma Bible d'athée.

Dans Vie Secrète il essaye de décrypter son amour pour une femme quittée depuis longtemps, et décédée. Il y a des putains de fulgurances, des éclairs. Il y a toujours des miracles chez Quignard. Ici, le miracle arrive page 26. Et hop.
Une belle succession d'éclairs dans les pages 80, aussi.

Vie secrète fait 400 pages.
J'en suis à 150.
Ca fait quand même 50 bonnes pages que je m'emmerde.


Pascal Quignard, jadis.

Thursday, March 10, 2011

Une Pinte de Bruen 2 - L'écriture qui titube mais ne tombe pas


Oui donc, Elodie, qui officie par exemple et avec grâce à la librairie de la Fnac Défense (demandez-lui des conseils de lecture de ma part), m'a offert Une Pinte de Bruen 2, chez Fayard Noir, en arguant que, dixit, "ça sentait la bière". En fallait-il plus pour me convaincre. Un recueil de polars épais comme la Guinness.

Ken Bruen glisse cette citation, qui d'ailleurs le dérange, à propos des Irlandais :
"Ils titubent autour du monde avec un bégaiement et un accent lourd et tout un fagot de souvenirs inutiles", Louis MacNeice (p. 150). Ces vers, son héros désespéré Danny les trouve "accablants". Danny l'irlandais finira lui-même par tituber, inévitable lien dramatique de sa triste condition.

C'est bien ce dont il s'agit : les scènes, toutes très visuelles, des quatre nouvelles de ce second recueil sont justes, frappantes, voire carrément violentes. Dans ce qu'elles décrivent (un Londres merdique où le métro le plus proche est à la prochaine agression sur la droite, l'arrêt de bus au prochain viol sur la gauche), et dans le style.

Dans chaque histoire, ça cogne à coups de battes de baseball et contre des cuvettes de chiottes. Ca cogne parce que quelqu'un est mort et que c'est une injustice insupportable. Parce que les voyous racistes en ont trop fait, et trop impunément. Ca cogne et ça tue parce que personne d'autre ne réagit, et qu'il faut bien, dans une certaine forme de morale par ailleurs mal assumée, que quelqu'un fasse le sale boulot. Tout tourne autour d'une vengeance. Et c'est chaque fois le plus perdu des personnages qui s'en charge. De toute façon tout perdu pour la cause.

Dans le style, ça cogne sans ambages. En cohérence avec le sujet. En "cognérence". L'écriture de Bruen aussi, titube, et trébuche. Elle ne tombe jamais. Des ellipses à tous les coins de phrase. Des dialogues tranchés au couteau, des personnages sans concessions, portés par des destins qui les dépassent et qu'ils noient dans tous les alcools qui passent. Des femmes fatales qui disparaissent, des histoires d'amour en noce avec la mort, des vengeances pour l'honneur et vaille que vaille. Bruen ne s'encombre pas.

Et puis, dans un métro, une apparition. Au même moment, un éclat littéraire qui jaillit du style noir et dur : "Le gamin etait vraiment beau. comme si les Dieux l'avaient fini avec panache".
Mais voilà, le gamin a une mère qui le met aux larmes et qu'il faudra punir.
C'est sans espoir.

La littérature de Bruen, c'est aussi la musique. La bonne vieille pop qui sent le poste TSF et le microsillon. L'âme de ses héros s'y reflète toujours, d'extrait de chanson en humeur d'artiste. "On apprend plus de choses dans une chanson de deux minutes que dans des années d'étude", citant Springsteen.
La musique et la littérature elle-même : Bruen et ses alter-egos croisent des poètes méconnus ou célèbres, des philosophes, des écrivains... Le désespoir est un grand pub où tous se retrouvent, auteurs et lecteurs, ouvriers et intellectuels, pour trinquer ensemble avant d'aller mourir dehors.

Même si les textes sont parfois drôles ("Un auteur de polars irlandais absolument désespérés et désespérément drôles aussi - allez comprendre", accorde Maxence de Fluctuat), illuminés de fulgurances de légèreté, même si les personnages sont attachants (surtout Danny, le plus noir de tous), même si parfois les femmes tendent la main, rien n'est possible que le pire.

Et pourtant : de cette maigre peau d'humanité, Bruen, ô miracle, tire encore le meilleur. A l'irlandaise.


Photo de l'ami Ken Bruen tirée du site K-libre

Wednesday, March 02, 2011

Guinness Book :)


Merci à Abdel pour cette photo très symbolique de l'ambiance hier soir, au Corcoran's Bastille, pour la sortie des Histoires jamais entendues dans un pub en Irlande, et dans une auberge en Espagne. Verres levés hauts, Guinness à flot.
Les éditeurs, Delphine et Fabrice Guillet, du Lamantin, semblaient ravis aussi :)

Vous pouvez donc retrouver les deux titres directement sur le site des éditions du Lamantin. N'hésitez pas à en parler autour de vous ! Ni à rejoindre les fans sur Facebook ! Ni a laisser des critiques ou des notes de lecture ici ! Bref : n'hésitez jamais !

La photo du jour : Ken Bruen, dont on m'a offert hier un exemplaire des Pintes de Bruen 2, à savourer lentement. J'y reviendrai.